L’Afrique, terrain d’essai pour l’Initiative pour la sécurité mondiale de la Chine – Centre d’Études Stratégiques de l’Afrique

L’Initiative pour la sécurité mondiale de la Chine vise à renforcer sa position géostratégique en créant des coalitions d’acteurs qui s’alignent sur les normes chinoises en matière de sécurité internationale et d’application de la législation nationale.

Lancée par le président chinois Xi Jinping en 2022, l’Initiative pour la sécurité mondiale (ISM) fait partie d’une série d’initiatives chinoises visant à remodeler les structures de gouvernance mondiale afin de créer un environnement propice à la résurgence de la Chine en tant que grande puissance.

Bien que présentée comme un cadre axé sur la sécurité coopérative, la non-ingérence et la défense de la Charte des Nations unies – des thèmes qui trouvent un écho en Afrique et dans l’ensemble du monde en développement – l’ISM est fermement ancrée dans les concepts chinois de sécurité nationale. Le document d’orientation de l’ISM publié en 2023 doit donc être lu conjointement avec le « Livre blanc de 2025 sur la sécurité nationale de la Chine » qui établit les liens dans le cadre des quatre piliers de la sécurité nationale chinoise :

La sécurité politique (du régime) comme fondement
La sécurité économique comme base
La science militaire, la technologie, la culture et la sécurité sociale comme garantie
La sécurité internationale comme structure de soutien.

D’abord caractérisée par des termes généraux et ambigus, les contours de l’ISM se dessinent peu à peu. Lors du 9ème Forum pour la coopération sino-africaine (FOCAC) en septembre 2024, Xi Jinping a décrit le plan d’action du FOCAC 2025-2027 comme un « exemple de mise en œuvre précoce de l’ISM » . Huit échanges militaires Chine-Afrique de haut niveau ont ensuite eu lieu entre septembre 2024 et la réunion interministérielle de mise en œuvre du FOCAC en juin 2025, dont un événement pour 90 officiers en début de carrière de 40 pays africains accueilli par le Collège de commandement de l’armée de l’Armée populaire de libération (APL) à Nanjing.

L’intégration progressive de l’ISM dans les relations sino-africaines a des conséquences directes sur les efforts de coopération de la Chine en matière de sécurité en Afrique. Le plan d’action du FOCAC, par exemple, s’est fixé pour objectif de former 6 000 officiers supérieurs et 500 officiers militaires africains en début de carrière, ainsi que 1 000 policiers, d’ici septembre 2027, date du prochain sommet du FOCAC.

Les leaders d’opinion africains mettent en garde contre les risques liés à l’adoption de certaines caractéristiques de l’ISM, telles que le contrôle absolu du parti au pouvoir sur le « travail de sécurité nationale ».

Les gouvernements africains perçoivent plusieurs avantages à l’adoption de l’ISM, notamment un meilleur accès à l’aide économique et au financement des infrastructures, ainsi qu’un matériel de sécurité plus abordable et de meilleure qualité. Certains dirigeants africains partagent d’ailleurs l’importance que la Chine accorde à la sécurité et à la continuité du régime plutôt qu’à la sécurité des citoyens.

D’autres leaders d’opinion africains mettent toutefois en garde contre les risques liés à l’adoption de certains aspects de l’ISM, telles que le « contrôle absolu du parti au pouvoir sur le « travail de sécurité nationale ». L’expérience amère de l’Afrique en matière de dictature d’un parti unique et de régime militaire alimente ces préoccupations. Il s’agit notamment de saper les normes des relations démocratiques entre civils et militaires et le principe de professionnels de la sécurité non partisans au service de la constitution, et non d’un parti au pouvoir.

Certains craignent également que les pays africains ne soient entraînés dans les courants de la concurrence géopolitique, étant donné que la lutte contre l’influence occidentale est au cœur des récits et du cadrage stratégique de l’ISM. Cela risque d’ébranler la tradition de non-alignement de l’Afrique.
Analyse de l’Initiative pour la Sécurité Mondiale de la Chine

L’Initiative pour la sécurité mondiale est l’une des « trois initiatives majeures » (san da chang yi, 三大倡议) présentées par la Chine comme des efforts complémentaires pour remodeler un nouvel ordre international. L’Initiative mondiale pour le développement, lancée en 2021, vise à accroître l’aide chinoise au développement à travers cinq outils et instruments de financement de base, dont le Fonds de coopération du Sud et la Plateforme de financement multipartite. L’Initiative pour une civilisation mondiale (ICM, quan qiu wen ming chang yi, 全球文明倡议), introduite en 2023, vise à créer des normes mondiales alternatives et des arrangements institutionnels remettant en question l’universalité de la démocratie et des droits de l’homme. Ces normes et dispositions sont exposées dans le Livre blanc de la Chine de 2023 intitulé « Une communauté mondiale à l’avenir partagé : Propositions et actions de la Chine ».

L’ISM s’articule autour de six principes fondamentaux :

Poursuivre la vision chinoise d’une sécurité commune, globale et coopérative
Respecter la souveraineté des États, l’intégrité territoriale et la non-ingérence
Respecter la Charte des Nations unies
Prendre au sérieux les préoccupations légitimes de tous les pays en matière de sécurité
Résoudre les différends par le dialogue et la consultation
Maintenir la sécurité dans les domaines traditionnels et non traditionnels.

Un examen plus approfondi de ces principes met en évidence les caractéristiques distinctement chinoises visant à promouvoir la vision du monde de la Chine et à la différencier de ses concurrents mondiaux. Tout d’abord, les principes sont conçus pour séduire les pays en développement, y compris en Afrique, qui accueillent favorablement les thèmes de la coopération, de la consultation et de la non-ingérence. L’ISM invoque également les récits historiques de la solidarité Sud-Sud, faisant de la Chine le champion du Sud mondial.

Deuxièmement, l’ISM donne la priorité à la « sécurité indivisible » (an quan bu ke fen ge, 安全不可分割), fondée sur le respect mutuel des « intérêts légitimes en matière de sécurité » et sur l’idée que les pays ne doivent pas poursuivre leurs intérêts d’une manière qui porte atteinte aux autres. L’expression « intérêts légitimes en matière de sécurité » peut toutefois couvrir tout ce qui va des revendications territoriales à la sécurité du régime – une préoccupation centrale pour les systèmes politiques à parti dominant en Afrique. L’ISM valide ces revendications (quelle que soit leur définition) et assure les responsables des gouvernements africains du soutien de la Chine. La Chine, quant à elle, compte sur le soutien des responsables africains à ses politiques de sécurité. Les revendications de la Chine en mer de Chine méridionale, que plusieurs pays africains ont soutenues bien qu’elles aient été rejetées par la Cour permanente d’arbitrage en 2016, en sont un exemple.

En 2024, les membres du FOCAC ont également affirmé leur soutien à la politique d’une seule Chine à l’égard de Taïwan et ont déclaré que « les questions relatives à Hong Kong, au Xinjiang (avec une importante population ouïgoure) et au Xizang (également connu sous le nom de Tibet) relèvent des affaires intérieures de la Chine, conformément au droit international et au principe de non-ingérence ».

Troisièmement, l’ISM met l’accent sur la « protection de ses intérêts à l’étranger » (wei hai wai li yi, 维护海外利益), qui s’est intensifiée dans le cadre de la « Nouvelle Route de la Soie », connue internationalement sous le nom d’Initiative « la ceinture et la route » (ICR). Cela implique de donner la priorité à la protection des investissements, des ressortissants et des intérêts chinois avec les forces de sécurité du pays hôte et un nombre croissant d’entreprises de sécurité chinoises déployées autour de ces investissements.

Chaque plan d’action du FOCAC depuis le lancement de l’Initiative « la ceinture et la route » en 2012 comprend une section sur la « protection des intérêts à l’étranger ». Il en va de même pour les plans d’action de ses forums parallèles, tels que le Forum de coopération des États arabes de Chine (CASCF), le Forum Chine-Amérique latine et Caraïbes (China-CELAC) et le Mécanisme Chine-Asie centrale (CCAM). Bien que le FOCAC soit le plus ancien de ces blocs d’affinités régionales, leurs programmes, structures et objectifs sont remarquablement similaires, ce qui permet à la Chine de séquencer l’ISM à travers les régions, en utilisant des méthodes et des tactiques similaires, et parfois même les mêmes acteurs institutionnels et le même personnel.

En 2024, la Chine a créé le Centre de l’Initiative pour la sécurité mondiale au sein de l’Institut chinois d’études internationales du ministère chinois des Affaires étrangères afin de rendre compte de la mise en œuvre de l’ISM. Sa première évaluation, publiée en juillet 2024, souligne l’importance des blocs d’affinités multilatéraux régionaux de la Chine dans l’intégration des concepts de l’ISM dans la coopération régionale en matière de sécurité, dans l’obtention d’un soutien officiel et dans l’établissement d’une image de marque stratégique. L’évaluation a également permis de définir les 20 domaines prioritaires de la coopération dans le cadre de l’ISM.
Mise en œuvre de l’Initiative pour la sécurité mondiale

La mise en œuvre de l’ISM s’est déroulée selon plusieurs axes principaux.
Intégration de l’ISM au sein du FOCAC

Le document de conception de l’ISM prévoit que les organisations multilatérales régionales de la Chine, telles que le FOCAC, constituent l’architecture institutionnelle par laquelle la Chine peut mettre en œuvre l’ISM.

L’approbation officielle de l’ISM par l’Afrique a été enregistrée pour la première fois en août 2022 lors de la huitième réunion ministérielle sur la mise en œuvre du FOCAC. Ces approbations ont ensuite été renforcées lors de la neuvième réunion du FOCAC en septembre 2024. L’approbation de l’ISM est également incluse dans tous les accords bilatéraux conclus entre la Chine et les pays africains depuis 2022. Ce faisant, ils popularisent et font connaître l’ISM, soulignent le pouvoir de rassemblement et la réceptivité de la Chine sur le continent et rapprochent les pays africains des positions de la Chine par rapport à ses concurrents.

L’intégration de l’ISM dans le programme militaire et de sécurité du FOCAC occupe une place importante dans ces échanges.

L’intégration de l’ISM dans le programme militaire et de sécurité du FOCAC occupe également une place importante dans ces échanges. Le FOCAC offre une plate-forme bien établie pour présenter les programmes de coopération chinoise en matière de sécurité, nouveaux ou existants, comme relevant de l’ISM, afin d’en renforcer l’élan.

Cela reflète l’intégration de l’ISM dans d’autres blocs d’affinité régionaux et organisations de sécurité dirigées par la Chine, comme l’Organisation de coopération de Shanghai et le Forum Xiangshan de Pékin, auxquels de nombreux pays africains ont participé depuis le lancement de l’ISM.

Lungani Hlongwa, ancien officier de la marine sud-africaine et spécialiste de la politique militaire de la Chine, note que « le FOCAC offre une structure permettant de fournir du matériel de sécurité ciblé dans le cadre des relations bilatérales » tout en canalisant les allocations financières liées à l’ISM vers le Forum Chine-Afrique pour la paix et la sécurité du FOCAC et les dialogues chinois sur la défense afin de populariser l’ISM.
Opérations conjointes et maintien de l’ordre

Les forces spéciales ougandaises et plus de 30 commandos chinois ont mené une opération conjointe en janvier 2022 qui a conduit à la capture et à l’expulsion de quatre ressortissants chinois faisant présumément partie d’un réseau criminel. Cette opération n’est que l’une des nombreuses opérations conjointes que les forces de sécurité chinoises et africaines ont menées en Afrique pour répondre aux priorités perçues par la Chine en matière de sécurité. L’accent mis sur les opérations conjointes souligne l’importance croissante que la Chine accorde à l’extension de son champ d’action au niveau mondial.

Des activités similaires ont eu lieu ailleurs, notamment des patrouilles conjointes avec des pays d’Asie centrale dans le cadre du mécanisme chinois pour l’Asie centrale (CCAM), des interceptions conjointes avec des partenaires du Moyen-Orient dans le cadre du forum de coopération entre la Chine et les États arabes (CASCF) et des centres de répression conjoints avec des pays d’Amérique latine dans le cadre du forum Chine-CELAC.

L’intégration de l’ISM implique également la création de nouveaux programmes bilatéraux d’application de la loi, tels que le Centre d’application de la loi sino-éthiopien, établi en 2024, et la proposition de création de l’académie de police et d’application de la loi Ghana-Chine. En juillet 2025, des agents de sécurité somaliens ont suivi en Chine une formation au maintien de l’ordre, à la sécurité intérieure et à la sécurité des frontières dans le cadre de l’ISM, ce qui fait d’eux les derniers d’une liste de plus en plus longue de membres des forces de l’ordre africaines à avoir reçu une formation dans le cadre de l’ISM. Ces formations s’inspirent largement de celles menées par le Centre intégré de sécurité et d’application de la loi du Lancang et du Mékong de la CCAM.
Protection de la sécurité des biens de « La Ceinture et la Route » dans le pays d’accueil

Une quarantaine de pays africains ont des contacts avec les institutions policières chinoises.

L’Initiative pour la sécurité mondiale donne également la priorité à l’obtention du soutien des pays d’accueil aux intérêts chinois, comme la protection des biens de la Ceinture et la Route. Parmi les exemples, citons l’accord sino-éthiopien de 2022 visant à protéger les grands projets de la Ceinture et la Route, tels que le chemin de fer à écartement standard (Standard Gauge Railway ou SGR) Addis-Abeba-Djibouti, et l’Initiative Kenya-Chine visant à mettre en place une force de police d’élite pour protéger le SGR Mombasa-Nairobi, financé par la Chine. Ce modèle de sécurité, qui associe le financement, la technologie et l’expertise policière de la Chine au déploiement de forces dans le pays hôte, est en train de se normaliser en Afrique, où une quarantaine de pays ont des contacts avec les institutions policières chinoises. Le modèle s’inspire de l’Accord de coopération sino-pakistanais en vertu duquel les forces pakistanaises protègent le corridor économique Chine-Pakistan, pierre angulaire de la Ceinture et de la Route en Asie. L’ensemble de ces activités constitue ce que le document conceptuel de l’ISM appelle la « sécurité commune et coopérative ».

L’implication croissante du ministère chinois de la Sécurité publique dans la coopération en matière de sécurité au sein de l’ISM souligne la priorité accordée à ces institutions nationales de sécurité. Le ministère a contribué à la création du Forum mondial de coopération en matière de sécurité publique (Forum de Lianyungang) afin de promouvoir l’ISM auprès des institutions policières du monde entier. En septembre 2024, le Forum a réuni des responsables de police de plus de 122 pays et régions.

Le ministère de la Sécurité publique a lancé la conférence ministérielle Chine-Afrique de l’Est sur l’application de la loi pour les hauts responsables de l’application de la loi des huit pays de la Communauté de l’Afrique de l’Est en 2024. Le ministre chinois de la Sécurité publique, Wang Xiaohong, a déclaré à ses homologues lors de cet événement que son ministère travaillerait avec eux à la mise en œuvre de l’ISM. En septembre 2024, il a signé un accord sur l’application conjointe de la loi avec les 14 États membres de l’Organisation de coopération des chefs de police d’Afrique de l’Est.
Travailler par l’intermédiaire d’institutions internationales existantes

La Chine s’appuie également sur des organisations existantes telles que l’Union africaine, l’ANASE et les Nations unies pour légitimer et obtenir le soutien de la communauté internationale en faveur de l’Initiative pour la Sécurité Mondiale, afin d’influencer les débats sur la sécurité internationale en dehors de ses blocs d’affinités régionales. La Chine, par exemple, a utilisé ses contributions au Fonds d’affectation spécial des Nations unies pour la paix et le développement pour canaliser l’assistance liée à la sécurité principalement vers les pays du Sud, y compris pour la lutte contre le terrorisme. Cette agence a été créée en 2016 grâce à la promesse de la Chine de verser 200 millions de dollars aux Nations unies au cours des dix prochaines années. Cependant, la Chine n’a pas réussi à insérer des termes explicites sur l’ISM dans les documents des Nations unies.
Perspectives africaines sur la coopération chinoise en matière de sécurité et l’ISM

Certains gouvernements africains considèrent l’Initiative pour la sécurité mondiale comme une source supplémentaire d’aide à la sécurité dans un environnement où les ressources sont limitées. D’autres sont moins optimistes et mettent en garde contre les implications politiques et les risques d’une telle coopération. Certains s’inquiètent de certaines caractéristiques du modèle chinois de gouvernance de la sécurité et de leur applicabilité en Afrique, comme l’accent mis sur la sécurité du régime et la suprématie du parti sur les forces armées.

Si la loyauté envers le principe d’une armée apolitique reste fermement ancrée dans de nombreux gouvernements et politiques africains, la principale préoccupation est que la fréquence, la profondeur et l’ampleur de l’engagement de la Chine en matière de sécurité ne renforcent le contraire. C’est notamment le cas lorsque les modèles de gouvernance de la sécurité de la Chine séduisent les partis au pouvoir en Afrique. « En utilisant l’armée pour décimer l’opposition, les partis au pouvoir dans certains pays d’Afrique subsaharienne ont effectivement créé des États à parti unique », explique Amodani Gariba, blogueur populaire sur l’Afrique et la Chine. « Bien que la coopération économique entre la Chine et l’Afrique ait eu un impact considérable sur les Africains, les ambitions de la Chine d’étendre ses liens à la coopération militaire pourraient aggraver la situation déjà mauvaise de la gouvernance sur le continent ».

D’autres préoccupations concernent l’augmentation des exportations chinoises de produits de sécurité intérieure, tels que des équipements de pointe pour la police et le contrôle des émeutes et des systèmes de surveillance, qui ont augmenté parallèlement à l’ISM. Bulelani Jili, expert sur la prolifération des systèmes de surveillance chinois en Afrique, prévient que le modèle chinois, qui privilégie les acteurs étatiques au détriment du secteur privé et de la société civile, soulève de graves inquiétudes dans les contextes autoritaires et démocratiques.

Jili reconnaît en même temps l’aspect « demande » du problème, de nombreux gouvernements africains cherchant à se doter de ces outils. Il exhorte donc les acteurs locaux à exercer une plus grande surveillance réglementaire sur les capacités susceptibles d’être utilisées à mauvais escient. « La technologie, c’est comme des abeilles : elles produisent du miel dans la bouche mais ont aussi un dard », déclare Gordon Moyo, directeur de l’Institut de recherche sur les politiques publiques du Zimbabwe. « Nous devons comprendre le miel que nous recevons de la Chine et la piqûre que les technologies numériques chinoises ont sur l’Afrique, car cela a un impact visible sur les libertés civiles. »

Certains observateurs africains appellent les gouvernements africains à gérer leurs relations avec la Chine en matière de sécurité de manière à atténuer les effets négatifs. « Les possibilités dépendront de la capacité des pays africains à exercer une plus grande influence », déclare Lungani Hlongwa. « Ces derniers [les acteurs africains] peuvent fixer l’ordre du jour en exprimant leurs préoccupations les plus pressantes en matière de sécurité et en définissant les rôles spécifiques qu’ils souhaitent voir jouer à la Chine. »
Une formulation ambiguë aux implications concrètes

Alors qu’elle s’articule autour de concepts de sécurité larges et apparemment inoffensifs afin de susciter l’intérêt le plus large possible, l’ISM se manifeste de plus en plus par des éléments concrets qui intègrent les institutions et les programmes de sécurité chinois dans les secteurs de la sécurité des pays partenaires africains.

Les ambitions de la Chine d’étendre ses liens à la coopération militaire pourraient aggraver la situation déjà mauvaise de la gouvernance sur le continent.

En tant qu’élément intrinsèque de la position stratégique globale de la Chine, l’ISM restera au cœur de la politique étrangère chinoise dans les années à venir. Son développement progressif en Afrique continuera à préfigurer et à refléter son déploiement dans d’autres régions du monde, dans le cadre de la stratégie globale de coopération de la Chine en matière de sécurité. Le FOCAC et d’autres mécanismes de coordination régionale resteront un élément essentiel de cette campagne.

L’ISM a des répercussions importantes sur les normes et les pratiques nationales africaines en matière de sécurité, tout en rapprochant les pays africains de la Chine dans sa concurrence géostratégique avec l’Occident. Pour atténuer les risques et sauvegarder les intérêts africains, les parties prenantes africaines devront continuer à s’interroger sur les modalités de mise en œuvre de l’ISM. Cela devrait stimuler un débat national et continental sur les avantages et les coûts perçus, ainsi qu’une réflexion sur d’autres approches africaines de la sécurité compatibles avec les préférences africaines en matière de non-alignement et de gouvernement responsable au service des intérêts des citoyens.